Michel BOULCOURT
Paysagiste Concepteur – Paysagiste Conseil de l’Etat
« Nature a maternellement observé cela, que les actions qu’elle nous a enjoinctes pour nostre besoing nous fussent aussi voluptueuses, et nous y convie non seulement par la raison, mais aussi par l’appétit: c’est injustice de corrompre ses règles.«
Extrait du texte original – « Les essais » – Livre III – page 1097- in. Montaigne
Prologue
Le sujet que nous allons aborder est désormais le point central de notre actualité. Vers quel avenir allons-nous ?… Qu’adviendra-t-il des générations futures et de la diversité du vivant ?… Quels paysages, quelles architectures, quels urbanismes se dessineront ?… Quel monde allons-nous réinventer et réenchanter ?… D’aucuns parleront d’écologie, d’autres d’environnement, certainement. Mais en définitive nous allons changer de temporalité, nous entrons dans un autre âge : l’âge de l’Homme. Dès lors comment allons-nous être dans cet avenir ? Quelles perspectives vont se présenter à nous et comment, du fait de notre agir, allons-nous nous adapter à cette temporalité ?… Et quel Homme allons-nous engendrer ? Ou quel « faire » sera cet Homme ? Comme le dis Montaigne[1], « faire l’homme », c’est laisser libre court aux « fluctuations de la pensée » et aux « joyeuses incertitudes » qui peuvent en découler. Roger-Pol Droit[2], philosophe « populaire », dans son texte qui introduit « Les essais », nous invite à la lecture de cet ouvrage par un conseil : « … laissez-vous aller, comme le fait aussi cet étrange philosophe. Ne cherchez pas à toute force à suivre le fil des idées, à repérer les argumentations. Ne vous crispez pas sur un verbe rare, sur un adverbe inconnu, ni même sur une phrase qui demeure opaque. Rangez une fois pour toutes vos anciens cours de français, oubliez l’impératif d’avoir à tout comprendre, tout retenir, tout expliquer. Oubliez qu’avant vous Descartes, Pascal, Diderot, Rousseau et mille autres ont parcouru ces pages et les ont commentées à leur façon. Ne vous laissez-pas impressionner par tous ces grands noms. Avancez simplement, au fil des pages, au gré de l’humeur. Et vous tomberez certainement en arrêt, ici ou là, sur une perle qui vous fera l’usage. Cette nonchalance n’est pas liée à un tempérament. Plus qu’une forme de caractère, elle est pour Montaigne signe de philosophie et de posture dans l’existence. Se défier des certitudes, accepter que tout soit en évolution, apprendre à s’aimer, se savoir mortel et demeurer en joie, voilà ce qu’il appelle : faire l’homme ».
Le propos qui suit ne porte pas seul un enseignement de l’écologie scientifique ou politique, ni même une simple instruction à l’environnement… Il aborde autrement l’objet du devenir de l’humanité du point de vue épistémologique[3] et fondamental. Tenter d’envisager comment nous humains pouvons agir avec discernement. Ainsi, il apparait déterminant d’établir le cadre dans lequel cette réflexion sera abordée, notamment en la situant dans le temps. Non pas pour traiter de la genèse et de l’histoire du monde mais pour que nous prenions conscience de la situation dans laquelle se trouve la planète, le « système Terre »[4] dont nous sommes les occupants, acteurs à part entière de son avenir. Il ne s’agit pas d’être partisan d’une cause ou d’une autre, de tenir un discours aux accents dramatiques ou alarmistes, même si les faits que nous allons évoquer portent en eux des inquiétudes, des incertitudes, une réelle gravité… Nous allons observer par des thématiques choisies, com-ment cette question centrale se pose à nous et comment adopter un point de vue objectif. En définitive, comment en retirer une matière à penser, une conscience éclairée par la connaissance. Et pour conclure cette brève introduction, je citerai à nouveau Montaigne : « Eduquer ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu ».

Qu’est que l’Anthropocène ?… Concept scientifique ou réalité géologique ? Pour nous familiariser et apprivoiser ce « mot barbare », je vous invite à lire l’ouvrage de Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, tous deux historiens au CNRS : « L’événement anthropocène »[5]. Que vont nous expliquer et démontrer ces historiens en développant leur exposé ? Tout d’abord, que « la terre est entrée dans une nouvelle époque et que ce qui nous arrive n’est pas une crise environnementale mais une révolution géologique d’origine humaine. Depuis la révolution thermo-industrielle, notre planète a basculé vers un état inédit. Les traces de notre âge urbain, consumériste, chimique et nucléaire resteront des milliers voire des millions d’années dans les archives géologiques de la planète et soumettront les sociétés humaines à des difficultés considérables. ». Entre sciences et histoire, les auteurs « dressent l’inventaire écologique d’un modèle de développement devenu insoutenable … [et]… ébranlent bien des idées reçues sur notre prétendue prise de conscience environnementale ». Enfin, pour conclure, ils « ouvrent des pistes pour vivre et agir politiquement dans l’Anthropocène ». L’Anthropocène est la signature «de la puissance et de l’impuissance humaine ».
L’Anthropocène n’est pas présenté comme une variable hypothétique, une perspective que l’on pourrait proposer faute de mieux apportant une réponse probable pour renverser la situation et retrouver un état initial. C’est avant tout un constat rationnel qui met en exergue des faits concrets, palpables. En définitive il se pose comme une réalité à laquelle l’humanité doit faire face car le point de non-retour a été franchi ; ainsi nous ne retrouverons pas l’image d’une planète « pure » et « naturelle ». Il faut désormais en faire le deuil et aborder l’avenir dans des conditions différentes de toutes celles connues jusqu’alors. Cela ne veut pas dire que nous sommes à « la fin du monde » mais que nous entrons dans un monde différent auquel il va falloir nous adapter. Pour ma part, je suis optimiste, car quand bien même l’humanité est à l’origine de cette transformation, je suis convaincu qu’elle a la capacité d’en comprendre les raisons et de changer globalement de comportement, qu’elle peut concevoir une attitude nouvelle qui se distinguerait par le fait qu’elle ne soit plus anthropocentrée[6] mais tournée vers le vivant dans toute sa diversité et son universalité. Ainsi l’Anthropocène marque une rupture, le passage d’un état à un autre, qui sera essentiellement déterminé par les effets du « changement climatique » et par les conditions futures de l’activité humaine.

Pour comprendre le « changement climatique » il convient de connaître le climat et la science qui l’étudie. En quelques mots, pour ce qui nous concerne à l’instant, la climatologie est une science complexe qui consiste à analyser rationnellement les données acquises qui décrivent les changements observés. Le climat est conditionné par des indicateurs précis : température de l’atmosphère, niveau et contenu thermique des océans, précipitations et couvertures neigeuses et glaciaires… Nous sommes assez bien documentés en ce qui concerne la période la plus récente puisque nous disposons de données instrumentales fiables résultant de l’observation en temps réel de la planète par un réseau de satellites et par les relevés de carottage des couches glaciaires, entre autres. Ce n’est pas le cas pour les périodes plus anciennes. Quelques sources historiques apportent un témoignage de l’état du climat à des périodes données, dont fait état Emmanuel Le Roy Ladurie dans son ouvrage sur l’ « Histoire humaine et comparée du climat »[7]. Pour ce qui relève des temps géologiques nous disposons de données qui résultent principalement des études stratigraphiques[8], notamment par déduction de l’analyse des milieux biologiques fossiles où les micros- organismes unicellulaires qui comme les foraminifères[9] apportent des renseignements précis quant à la température et à la salinité des eaux, par exemple. Les données antérieures à la période récente, celles qui ne sont pas quantifiables et vérifiables sont appelées « proxy » dans le jargon des spécialistes du climat. Le climat a toujours été globalement variable, il a subi au cours du temps de multiples changements. Les principaux facteurs de ces changements résultent des gaz à effet de serre ou GES (qui n’ont pas attendu notre présence sur la planète pour opérer), du volcanisme et des « variations du rayonnement solaire incident, que celles-là résultent de la fluctuation du rayonnement solaire lui-même ou de la modification cyclique des paramètres de l’orbite terrestre sous l’influence gravitationnelle des autres corps du système solaire », ce dernier point étant un des arguments privilégiés par les climato-septiques.

Il ne faut pas attendre la fin du XXe siècle pour entendre parler de l’effet de serre, dès le début du XIXe siècle, Joseph Fourier (1768/1830), mathématicien et physicien français, en a l’intuition bien que sa paternité soit remise en cause aujourd’hui par les historiens. Dans son ouvrage le plus connu : «Théorie analytique de la chaleur », paru en 1822, et dans un article de synthèse publié dans les Annales de Chimie et de Physique des Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de l’Institut de France «Remarques générales sur les températures du globe terrestre et des espaces planétaires» (1824), Joseph Fourier tente de faire le bilan des sources de chaleur chauffant la Terre. Il montre que la surface terrestre est irradiée par le soleil et soumise à sa «chaleur rayonnante » qui traverse facilement l’atmosphère et se transforme en «chaleur obscure » renvoyée vers le haut dans l’aréosphère[10]. Il écrit : «La transparence des eaux et celle de l’air paraissent concourir à augmenter le degré de chaleur acquise, parce que la chaleur lumineuse affluente pénètre assez facilement dans l’intérieur de la masse, et que la chaleur obscure sort plus difficilement suivant une route contraire ». C’est une description qualitative de l’effet de serre même si Fourier, qui n’assimile pas explicitement la «chaleur radiative obscure » au rayonnement infrarouge, n’a pas compris la transformation du rayonnement visible en chaleur absorbée, puis la transformation de cette chaleur en rayonnement. D’autres scientifiques seront concernés par cette question et sans entrer plus dans le détail de leurs recherches, notons les noms de John Tyndall[11] qui démontre que la vapeur d’eau est un puissant gaz à effet de serre, Svante Arrhenius[12] qui lie la teneur en CO2 de l’atmosphère à sa température, Milutin Milankvic[13] qui calcule précisément l’insolation au sommet de l’atmosphère en fonction de la position de la Terre par rapport au Soleil. D’autres noms font date dans l’histoire du climat : Jean de Charpentier, George Cuvier, Alexander Von Humboldt, Thomas Huxley …
Face à la gravité de la problématique que soulève le changement climatique, dès la fin du XXe siècle, les scientifiques se sont mobilisés pour tenter d’apporter des explications rationnelles alertant l’opinion publique internationale et les gouvernements, préconisant des mesures concrètes pour réduire les émissions des GES afin de limiter l’augmentation de la température globale de la planète. Ainsi, la première conférence internationale sur le climat a vu le jour en 1979 à Genève (Suisse), puis a suivi celle de Villach (Autriche) en 1985. Elles ont toutes deux mis en évidence le risque d’un réchauffement climatique lié à l’augmentation de l’effet de serre. Consécutivement à ces premiers constats, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)[14] a été créé, sous l’égide de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). La prise de conscience des nations est certes assez tardive mais le fait est qu’un groupe intergouvernemental est dès lors constitué pour aborder, en analysant toutes les recherches scientifiques conduites sur ce sujet, l’évolution du climat et les conséquences qu’il aurait sur les sociétés humaines, l’ensemble de la biosphère et physiquement sur la Terre. Le GIEC a pour objectif de fournir aux « décideurs » (aux instances politiques) une évaluation mesurée et autorisée des résultats de la recherche, sa mission étant d’évaluer la recherche et non pas de faire de la recherche. Le GIEC est organisé en trois groupes de travail. Le premier traite les aspects scientifiques, le second aborde les conséquences, l’adaptation et la vulnérabilité, et le troisième définit les mesures d’atténuation. Vous constaterez au passage, que par l’emploi du mot « atténuation », il n’est absolument pas envisagé de revenir à ce qui pourrait être un état originel… Dont acte, il s’agit tout juste de limiter les effets du changement climatique.
Depuis sa création le GIEC a présenté plusieurs rapports (que vous trouverez assez facilement sur le net). Le premier a été présenté en 1990, ont suivis les rapports publiés en 1995, 2001, 2007 et 2014. Le dernier rapport devrait être produit en 2022 ; il a vocation à faire la synthèse sur le sujet et préciser quelle doit être notre « feuille de route » pour nous adapter à cette nouvelle période géologique qu’est l’Anthropocène. C’est avec le rapport du GIEC présenté par les experts à Paris en 2007, dans sa version résumée à destination des décideurs, que les ambiguïtés sont levées : l’influence humaine sur le climat est certaine et elle entraînera une évolution climatique inéluctable, et quand bien même nous parviendrons à réduire l’émission des GES, nous ne pourrons qu’en limiter l’ampleur. Dès lors, le rôle de l’activité humaine est établi avec certitude, bien que les climato-septiques persistent à démontrer le contraire. Notamment en déformant la théorie de la NASA (2016) qui explique très clairement que « Le Soleil apporte la vie à la Terre. Il aide à garder la planète assez chaude pour qu’on y survive. Il influence aussi le climat de la Terre : nous savons que d’infimes changements d’orbite terrestre sont responsables des débuts et fins d’aires glaciaires. Mais le réchauffement que l’on a constaté au cours des dernières décennies est trop rapide pour être lié aux changements de l’orbite terrestre, et trop important pour être causé par l’activité solaire ». Ce qui de fait sous-entend qu’il résulte des activités humaines. Dans un article Jean-Louis Fellous[15] dresse un bilan de l’avancement des recherches du GIEC dans lequel il apporte un éclairage précis sur la méthode scientifique de l’étude du climat. Il confirme que compte tenu des progrès rapides au cours des dernières décennies, « il y a maintenant de très fortes indications que l’homme influence le climat et un consensus s’est établi sur le rôle majeur des activités humaines dans les changements observés ». Il poursuit en précisant que « le troisième rapport du GIEC, publié en 2001, a le premier mis en avant le rôle dominant des activités humaines dans le changement climatique récent, en concluant qu’il existe des preuves nouvelles et encore plus solides que l’essentiel du réchauffement observé ces cinquante dernières années est imputable à l’activité humaine ».
Le cinquième rapport du GIEC (2014) fut déterminant et c’est sur la base de ses conclusions irréfutables d’une augmentation globale de la température de 0,3 à 4,8°C d’ici 2100 imputable à « l’agir humain », que la 21ème Conférence des parties (COP21) qui s’est tenue en France en 2015, aboutira à l’accord de Paris permettant de lutter « efficacement… » contre le dérèglement climatique. Dès-lors 195[16] parties seront signataires à la convention-cadre de Nations Unies, mais certaines d’entre-elles ne soumettront pas de contribution et en 2021, la Libye, la Syrie, l’Ouzbékistan, la Corée du Nord, le Nicaragua, le Timor oriental et Niué n’ont toujours pas soumis de plans d’actions, pour des raisons politiques et/ou de conflits. Refermons maintenant cette parenthèse et établissons le bilan de la situation, l’inventaire des faits avérés qui illustrent l’état de planète à l’âge de l’Anthropocène. Depuis le début du XIXe siècle ce sont 1 500 milliards de tonnes de CO² qui ont été rejetées dans l’atmosphère résultant de la combustion du charbon et du pétrole qui sont en grande partie à l’origine du changement climatique, les autres gaz à effet de serre n’étant pas inclus[17]. Le tissu vivant ou biosphère[18] s’est appauvri et artificialisé, imprégné par une foule de nouvelles molécules chimiques de synthèse qui modifient jusqu’aux codes génétiques du vivant. Le dérèglement climatique transforme le monde, il devient globalement plus chaud et plus lourd de risques et de catastrophes, avec un couvert glaciaire réduit, des mers plus hautes, des climats locaux perturbés.

Alors, quand émerge la notion d’Anthropocène ?… C’est en 2000, lors du colloque du Programme International Géosphère/Biosphère (Cuernavaca – Mexique), quant à la question de « l’ancienneté et l’intensité des impacts humains sur la planète », Paul Crutzen[19] réagit vivement ; « Mais, nous ne sommes plus dans l’Holocène, mais dans l’Anthropocène ! ». En 2002, il développe son hypothèse dans un article paru dans « NATURE » en expliquant qu’il faut « ajouter un nouvel âge à nos échelles stratigraphiques pour signaler que l’homme, en tant qu’espèce, est devenu une force d’ampleur tellurique ». Il poursuit ; « Il semble approprié de nommer « Anthropocène » l’époque géologique présente, dominée à de nombreux titres par l’action humaine ». Notons que déjà, dans « Les époques de la nature », Buffon[20] en 1780, expliquait que « la face entière de la Terre porte aujourd’hui l’empreinte de la puissance de l’Homme … qui pourra modifier les influences du climat… et en fixer pour ainsi dire la température au point qui lui convient ». Suivront en 1873, les travaux du géologue italien Antonio Stoppani[21], qui définira l’homme comme une « nouvelle force tellurique ». Tellurique ?… C’est-à-dire ? Le Petit Robert nous donne la définition suivante : « 1839 – du latin, tellus, (uris) « terre » – adj. Sc. De la terre ; qui provient de la Terre. Secousse tellurique, tremblement de terre, mouvement tectonique »…
Et désormais l’action de l’Homme, de l’Humanité entière. En un mot l’ensemble des phénomènes qui résultent de la lente transformation de la planète, dépassant jusqu’alors le pouvoir de l’homme et des espèces qui l’occupent. Avant l’homme était dominé par la « Nature », maintenant au temps de la période géologique dont il est l’auteur, cette domination est inversée et il a le pouvoir de la « maîtriser ». Ainsi, nous sommes parvenus, du fait de « l’agir humain », pour reprendre l’expression de Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, à être les acteurs d’un changement radical et irréversible dont les conséquences sont phénoménales et laissent entrevoir non seulement un nouvel âge, mais aussi une nouvelle « image » de la Terre. Comment se situe cette nouvelle période dans l’échelle des temps géologiques ?… Nous sommes actuellement au Cénozoïque qui regroupe le Tertiaire et le Quaternaire, c’est-à-dire une période datant de la fin de l’Ere Secondaire marquée par une extinction de masse il y a 66 millions d’années où les dinosaures et les ptérosaures ont totalement disparu
L’Anthropocène n’est pas encore officiellement actée, il convient pour cela que la communauté scientifique, notamment les astrophysiciens et les géologues, authentifient par des preuves tangibles sa réalité. Si tel est le cas, une nouvelle série stratigraphique succédera après le Pléistocène (début du Quaternaire à -2,5 ma) et l’Holocène (dès 11 500 ans) : la période de l’Anthropocène. Rappelons que le début du Quaternaire est marqué par l’apparition du genre Homo (Homo habilis) en Afrique et l’Holocène commence à la fin de la dernière glaciation et le début de l’agriculture. La date donnée pour le début de l’Anthropocène serait estimée à 1784 (c’est la première fois qu’une datation sera aussi précise) avec l’invention de la machine à vapeur, symbole du commencement de la révolution industrielle et d’une atmosphère plus carbonée consécutivement à la combustion des énergies fossiles prélevées dans la lithosphère[22]. D’autres pensent qu’il conviendrait de marquer le début de cette période à des dates antérieures, l’homme ayant une action décisive sur son environnement dès le néolithique[23], avec l’apparition de l’agriculture, de l’élevage, et des premiers établissements humains qui témoignent d’une organisation sociétale.

L’Anthropocène est donc l’Âge de l’Homme ! Mais comment se manifeste-il ?… Quels arguments doit-on retenir pour acter cette nouvelle période géologique ?… En définitive quelles empreintes inscrivent les humains sur la planète ?… Tout d’abord retenons que la cause principale de ce changement périodique est due aux gaz à effet de serre (GES) et pour illustrer ce point notons quelques données quantifiées. Ainsi l’atmosphère terrestre c’est enrichi depuis la moitié du XVIIIe siècle de plus de 150% de méthane (CH4), de plus de 63% de protoxyde d’azote (N2O), de plus de 43% de dioxyde de carbone (CO2), soit une concentration passée de 280 parties par million (ppm) à la veille de la révolution industrielle à 400 ppm en 2013, un niveau inégalé depuis 3 millions d’années (in.Rapport du GIEC) . Il y a, comme en témoignent ces données quantifiées un corollaire entre augmentation des GES et développement de l’industrie, ou plus précisément de la thermo-industrie. Thermo-industrie, dans le sens où la production industrielle, passé le seuil de la fin du XVIIIe siècle, aura pour principale sources énergétiques les énergies fossiles, charbon, pétrole et gaz, dont la combustion exponentielle aura pour conséquence, par la libération du carbone, de modifier la qualité globale de l’atmosphère. Cependant, l’industrie n’apparaît pas au XVIIIe siècle. Historiquement dès la préhistoire on constate des activités que l’on peut qualifier d’industrielle ; l’industrie lithique[24] par exemple. D’autre part notons que l’industrie n’a pas toujours été exclusivement dépendante des énergies fossiles. Au Moyen Âge, bien que le charbon commence à être utilisé, le moulin connu depuis l’antiquité, mu par l’eau ou le vent, est l’outil et le moyen d’un développement considérable du fait de perfectionnements technologiques qui permettront de diversifier la nature et les quantités de production, et cela en utilisant des ressources énergétiques renouvelables non polluantes. La pollution industrielle telle que nous la définissons actuellement, ne prendra par conséquent sa pleine mesure qu’à partir du XIXe siècle, du fait de son essor rapide qui nécessitera de plus en plus de ressources, amorçant ipso-facto un processus de transformation atmosphérique dont les effets ne seront connus qu’après plusieurs décennies.
Mais le carbone n’est pas le seul responsable de la transformation de l’atmosphère : le développement des sciences et des technologies, s’ils sont les vecteurs de progrès indéniables qui amélioreront de manière significative les conditions d’existence, sont ailleurs responsables de la production d’autres matières chimiques qui interviendront elles aussi dans ce processus. Dès la moitié du XXe siècle, les CFC ou gaz fluorés sont venus contribuer au réchauffement mais ont aussi été à l’origine des trous dans la couche d’ozone qui assure la protection contre le rayonnement solaire et qui ont été interdits d’usage depuis 1990. Ils étaient couramment utilisés dans nos réfrigérateurs, nos climatiseurs et les bombes aérosols avant d’être remplacés par d’autres gaz de synthèse. Les GES retiennent la chaleur que la Terre chauffée par le soleil, émet vers l’espace, ce qui consécutivement augmente la température globale. Elle a déjà progressé de 0,6°C durant le XXe siècle et devrait, selon les dernières prévisions du GIEC et les mesures prises au niveau mondiale pour limiter leur incidence, progresser pour atteindre entre 1,5 à 6°C à la fin du XXIe siècle par rapport à 1800. Si des mesures drastiques ne sont pas prises immédiatement par l’ensemble des nations, la barre de 2°C initialement prévue devrait être dépassée dès la moitié du XXIe siècle.

Source : Alternative Economiques, « une explosion des accidents climatiques », 2012.
Aujourd’hui les conséquences ne trompent plus. La calotte glaciaire des Andes au Pérou a disparu en 25 ans. Les glaces polaires fondent bien plus vite que prévu. Les accidents climatiques, ouragans, tempêtes, sécheresses, dérèglements climatiques locaux sont de plus en plus prononcés et de plus en plus fréquents. L’artificialisation des écosystèmes terrestres du fait de l’urbanisation et de l’agriculture ne cesse de progresser. L’impact sur les populations fait partie de notre actualité, « réfugiés environnementaux[25] » des îles du Pacifiques dû à la montée des eaux et baisses de rendement de la production agricole, donc des ressources alimentaires vitales. Le coût économique du changement climatique est considérable tant du fait des mesures à mettre en œuvre que des dégâts qu’il occasionne. Par exemples Lothar et Martin, tempêtes extrêmes qui balayèrent l’Europe continentale fin 1999 ont coûtées 6,9 milliards d’euros et en France, elles ont causé 88 victimes et la destruction de 270 millions d’arbres. Plus récemment en septembre 2020, la tempête Alex d’une moindre amplitude coûtera néanmoins près de 300 millions d’euros à la France. La dégradation de la biosphère est constatée et s’accélère, l’érosion de la biodiversité ayant un impact direct sur les services rendus à l’humanité, pollinisation, capture du carbone, protection contre l’érosion, régulation de la quantité et de la qualité de l’eau, par exemple…
A la fin du XXIe siècle, 12 à 39% de la surface du globe connaîtra des conditions climatiques auxquelles les organismes vivants actuels n’ont encore jamais été confrontés. Le taux de disparition des espèces est de 100 à 1000 fois plus élevé que la normale géologique : nous sommes entrés dans la sixième extinction[26] de masse depuis l’apparition de la vie sur la Terre. A ce rythme, 20% des espèces auront disparues avant 2030. D’autres transformations majeures sont à considérer qui témoignent de notre entrée dans l’Anthropocène : modification du cycle biogéo-chimique de l’eau, de l’azote, du phosphate par exemple. Le cycle de l’eau et sa modification continentale est massive avec le drainage de la moitié des zones humides de la planète et la construction de 45 000 barrages de plus de 15m de haut qui retiennent 6 500 km3 d’eau, soit 15% du flux hydrologique des rivières du globe (in.Rapport du GIEC) . Ces transformations ont considérablement modifié les processus d’érosion et de sédimentation, sans pour autant libérer la majorité de l’humanité de l’insécurité hydrique. A ce sujet, voyons à titre d’exemples concrets pour illustrer l’Anthropocène, les cas du barrage des Trois-gorges en Chine, et celui de la mer d’Aral en Asie Centrale. Le projet de de « La grande muraille verte » en Afrique quant à lui, démontre une action réparatrice engagée au niveau régional pour limiter la désertification et son impact sur les populations locales (lire à ce sujet les articles 2 – 3 & 4 de« LA REVUE – Vivre Saint-Marc© »).
Pour ce qui concerne le cycle de l’azote, sa transformation a été radicale, du fait de l’activité industrielle (combustion = libération d’oxydes d’azote) et du procédé de Haber-Bosch (1913), qui permet de transformer l’azote atmosphérique en azote assimilable en engrais. Ces deux phénomènes représentent des flux d’azote deux fois plus importants que le flux naturel qui traverse la biosphère, essentiellement lié à sa fixation biologique par la symbiose bactérienne. Le monoxyde d’azote libéré par les engrais accentue l’effet de serre, et l’urée et les nitrates en excès pénètrent dans les nappes phréatiques, les rivières et les estuaires, causant eutrophisation et hypoxie (diminution de la teneur en oxygène). Enfin, le cycle du phosphore dont environ 20 millions de tonnes sont extraites chaque année de la lithosphère dans les mines de phosphate, principalement pour la production d’engrais, dont 9 à 20 millions de tonnes finissent dans les océans. Les scientifiques ont démontré que des hausses d’apport de seulement 20% par rapport aux flux naturels ont été dans le passé géologique, une des causes d’effondrement de la teneur en oxygène dans les océans, causant l’extinction massive de la vie aquatique. L’artificialisation des écosystèmes terrestres consécutivement à l’explosion démographique dès la fin du XIXe siècle, dont résulte le développement considérable de l’industrialisation et des progrès scientifiques et technologiques, marquera significativement les besoins en ressources et en matières premières qui se sont trouvés démultipliés. L’urbanisation et l’agriculture sont donc à l’origine de la réduction des écosystèmes par la consommation d’espaces et de terres agricoles.

«7,7 milliards d’Humains en 2019 : sommes-nous trop nombreux sur Terre ? »
Autre fait important, la population humaine sur la planète est passée de 1000 millions au début du XIXe siècle à plus de 7 milliards en 2021. Les prévisions l’établissent à la fin du XXIIe siècle à près de 10 à 13 milliards. L’évolution de la croissance démographique planétaire de l’an 0 à nos jours (en millions d’habitants [Mhab]) est elle aussi impressionnante dans son accélération. En 100 000 av JC ce sont 0,5 Mhab qui peuplent la Terre pour atteindre une population de 170 à 400 Mhab en l’an 0, puis de 800 à 1125 Mhab en 1800 avec une espérance de vie de 40 ans, 3000 Mhab en 1960, 6700 Mhab en 2008 avec une espérance de vie de 64,3 ans… (in. Rapport du GIEC). Si entre 540 et 770, la peste a tué 100 millions d’habitants, les guerres et les pandémies n’ont que peu d’effet sur la croissance démographique globale. Enfin pour conclure, le dernier rapport du GIEC prévoit une inversion progressive de la tendance dès 2150… Actuellement 200 000 individus naissent chaque jour, soit 2,4 par seconde, mais le taux d’accroissement naturel, rapport entre natalité et mortalité, diminue régulièrement du fait notamment de la perte de fertilité de l’espèce humaine qui chute de 2,04% en 1960 à 1,3 actuellement. Cette explosion démographique augmente considérablement les besoins en ressources et en énergie. Ainsi, l’humanité s’approprie à elle seule près du tiers de la biomasse continentale (pour se nourrir, se loger, se vêtir, se distraire…). Elle consomme annuellement une fois et demi ce que la planète est en mesure de fournir durablement. A noter, que cette consommation est essentiellement destinée à satisfaire les besoins des pays les plus développés. L’expansion de l’humanité a pour corollaire l’augmentation massive des besoins en espaces et par conséquent, son impact planétaire : urbanisation et développement des infrastructures, défrichement et consommation de terre, exploitation des ressources, modification des écosystèmes, sont autant d’actions qui transforment de manière irréversible l’état de la planète. Pour donner une idée précise de cette transformation, notons qu’en 1750 cette occupation était de l’ordre de 5%, de 12% en 1900 et s’élève à près du tiers aujourd’hui soit 83% de la surface émergée non glacée est anthropisée.
Selon le GIEC, observons et relativisons également les échéances fixées pour l’épuisement des principales ressources d’énergie et de matières premières ; 2025 : zinc ; 2040 : uranium ; 2048 : nickel ; 2050 : pétrole ; 2072 : gaz naturel ; 2087 : fer ; 2139 : aluminium et 2158 : charbon. Mais ces données seront aussi conditionnées par d’autres paramètres, notamment des consommations moins importantes du fait des mesures prises au niveau mondial pour lutter contre le réchauffement climatique et la découverte d’autres gisements. Pourtant on constate que le charbon reste la ressource énergétique la plus disponible. Enfin pour comprendre sur quels critères repose l’évaluation par le GIEC de cette situation globale il nous faudra énoncer la série de 24 paramètres qui sont observés : ce sont les indicateurs de l’Anthropocène (in Article 5 de « LA REVUE – Vivre Saint-Marc© »).
Pour conclure cet exposé argumenté de nombreuses données, tout le moins celles dont on dispose en l’état de nos connaissances scientifiques, l’enseignement à en retirer déterminera je l’espère, une prise de conscience éclairée et le moyen de réagir tout autant à titre individuel qu’à titre collectif notamment en adoptant une posture respectueuse de notre environnement et plus globalement de notre planète.
[1] Michel Eyquem de Montaigne (1533/1592): philosophe, humaniste et moraliste de la Renaissance, ou écrivain érudit, précurseur et fondateur des « sciences humaines et historiques ».
[2] Roger-Pol Droit(né en 1949) : philosophe et journaliste français, chercheur au CNRS (Centre Jean Pépin, Histoire des doctrines de l’Antiquité), enseignant et écrivain. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages de philosophie et d’histoire des idées, dont certains ont rencontré un succès auprès d’un large public, en particulier « 101 expériences de philosophie quotidienne » traduit en plus de trente langues.
[3] L’épistémologie : (du grec ancien ἐπιστήμη / epistémê « connaissance vraie, science » et λόγος / lógos « discours ») est un domaine de la philosophie portant sur l’étude des sciences et des savoirs.
[4] Les « sciences du système Terre » (ESS) étudient l’ensemble des problématiques liées aux changements climatiques globaux et à l’environnement, notamment des concepts apparus dans les années 1980, comme « l’Anthropocène » et « les limites planétaires ».
[5] Christophe Bonneuil & Jean-Christophe Fressoz, « L’événement anthropocène, la terre, l’histoire et nous », Edition du Seuil, 2013 . Christophe Bonneuil est historien au CNRS et dirige la collection « Anthropocène » au Seuil. Il a notamment codirigé « Une autre histoire des ‘Trente glorieuses’ » et coécrit « Sciences, techniques et société », La Découverte, 2013. Jean-Christophe Fressoz est historien au CNRS et enseigne au King’s College de Londres. Il est l’auteur de « L’Apocalypse joyeuse », Seuil, 2012.
[6] Anthropocentrée ou anthropocentrisme qui est une conception philosophique qui considère l’humain comme l’entité centrale la plus significative de l’Univers et qui appréhende la réalité à travers la seule perspective humaine. Aristote fut le premier à en développer la théorie, en même temps que celle du géocentrisme, conception scientifique qui, elle, a prévalu jusqu’au XVe siècle et selon laquelle la terre était le centre de l’univers.
[7] Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire humaine et comparée du climat, Tome II : Disettes et révolutions – 1740/1860, La terre, l’histoire et nous, Edition Fayard, 2006 & Histoire du climat depuis l’an mil, Flammarion, 1967. Véritable créateur de l’histoire du climat, Emmanuel Le Roy Ladurie, président de l’Institut d’Histoire Sociale, professeur émérite au Collège de France, est l’un des historiens contemporains les plus féconds. Il a publié de nombreux livres qui ont fait date et connu un grand succès. Paru en 2004, le premier tome de l’Histoire humaine et comparée du climat – Canicules et glaciers, XIIIe-XVIIIe siècle, a relancé en France et ailleurs les travaux sur ce sujet et a passionné un très large public.
[8] Stratigraphie : Etude de la succession des différentes couches ou strates géologiques.
[9] Foraminifère : Protozoaire marin entouré d’une enveloppe calcaire percée de trous par où passent les pseudopodes.
[10] Aérosphère : Atmosphère des planètes
[11] John Tyndall (1820/1893) était un scientifique et alpiniste irlandais. Outre les autres domaines scientifiques qu’il explore, Tyndall fait des contributions importantes dans le domaine de l’écoulement des glaciers.
[12] Svante August Arrhenius (1859/1927) était un chimiste suédois, précurseur dans de nombreux domaines. Il reçoit le prix Nobel de chimie en 1903. Il est notamment connu pour être le pionnier de l’étude de l’effet de l’augmentation du dioxyde de carbone dans l’atmosphère sur le climat et sur l’effet de serre.
[13] Milutin Milanković (1879/1958) était un ingénieur, un astronome, un géophysicien, un inventeur et un climatologue serbe. Il fut proclamé par La NASA comme étant l’un des plus importants savants dans le domaine des sciences de la Terre.
[14] Le GIEC sera un sujet spécifique dans un autre article afin d’expliquer son objet, les modes et les scénarii d’évaluation du changement climatique.
[15] Jean-Louis Fellous est Ingénieur au Centre national d’études spatiales [CNSE – France] et à l’Agence spatiale européenne et il est Secrétaire exécutif du Comité mondial des satellites d’observation de la terre [CEOS – Genève – Suisse].
[16] Dont 192 pays membres de l’ONU, une organisation régionale, l’Union européenne, un Etat non souverain, Niué, un membre observateur, l’Etat de Palestine et un Etat ayant quitté l’accord puis l’ayant rejoint de nouveau en début d’année 2021, les Etats-Unis.
[17] La vapeur d’eau, le méthane et le protoxyde d’azote (d’autres principaux gaz à effet de serre) ne sont pas compris dans le calcul.
[18] Ensemble des organismes vivants sur Terre
[19] Paul Josef Crutzen (1933-1995) était un météorologue et chimiste de l’atmosphère néerlandais. Il est colauréat du prix Nobel de chimie 1995. En 2000, il introduit et popularise avec le biologiste américain Eugene F. Stoermer le terme « Anthropocène », pour désigner une nouvelle période géologique qui aurait débuté au XIXe siècle avec la révolution industrielle et pendant laquelle l’influence de l’homme sur l’écosphère terrestre serait devenue prédominante. Le concept est toujours discuté par la communauté scientifique.
[20] Georges-Louis Leclerc de Buffon (1707-1788) était un naturaliste, mathématicien, biologiste, cosmologiste, philosophe et écrivain français. Ses théories ont influencé deux générations de naturalistes, en particulier Jean-Baptiste de Lamarck et Charles Darwin. Salué par ses contemporains pour son maître ouvrage Histoire Naturelle, Buffon a été qualifié de « Pline de Montbard ».
[21] Antonio Stoppani (1824-1891) était un Homme d’église, géologue et paléontologue italien.
[22] La lithosphère est l’enveloppe rigide de la surface de la Terre.
[23] Le néolithique est la période la plus récente de l’âge de pierre.
[24] L’industrie lithique désigne l’ensemble des objets en pierre transformés intentionnellement par l’Homme.
[25] Les réfugiés climatiques ou écologiques sont une catégorie de réfugiés environnementaux, ce sont des personnes ou groupes forcés de quitter leur lieu de vie à cause d’une rupture environnementale (montée des eaux, sécheresse, désertification, inondations…).
[26] Lire à ce sujet l’ouvrage de Elisabeth Kolbert paru en 2015, « La 6ème extinction de masse, comment l’Homme détruit la vie » [Edition Vuibert]
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